Christophe, pourrais-tu te présenter et nous expliquer quelle est ta fonction chez Modis ?
Je m’appelle Christophe Villain, 37 ans, ingénieur projet en environnement marin depuis plus de 12 ans chez Modis.
Je suis en charge de plusieurs missions au sein de l’agence Modis à Pau.
Je réalise des missions de terrain, en environnement marin, pour lesquelles je réalise des campagnes en mer, autour des installations pétrolières à travers le monde.Notre équipe effectue des prélèvements d’eau, de sédiments de la faune aquatique afin d’étudier la santé du milieu.
J’exerce également comme spécialiste Metocean (abréviation syllabique de la météorologie et de l'océanographie dans l'ingénierie offshore et côtière).
Je fournis les caractéristiques atmosphériques et océaniques de sites sur lesquels une société veut implanter des installations offshores (plateformes, ports, éoliennes). Ces informations permettent à la fois de dimensionner la capacité énergétique d’un milieu et également de designer les installations et de permettre l’usage du site en toute sécurité.
Enfin, mon expérience en océanographie m’a ouvert les portes de la biodiversité, d’abord océanique puis aux autres types d’écosystèmes (côtier, terrestre, …).
Pourquoi Modis a un rôle à jouer pour la protection de la biodiversité ?
A Pau, dans le domaine de l’environnement, nous avons des collaborateurs passionnés par leurs métiers. Les différents voyages, notamment professionnels, à travers le monde nous ont permis de nous rendre compte à quel point la nature est belle, diversifiée mais fragile.
De nombreux industriels avec qui nous travaillons sont également très engagés dans la protection de la biodiversité.
Une synergie s’est créée entre certains d’entre eux et Modis sur cette thématique ; ce qui amène à la mise en place de projets fantastiques comme l’outil que nous développons actuellement.
Peux-tu présenter ton projet en quelques mots et le lien avec l’environnement ?
La mise en place d’un projet industriel dans un environnement naturel est à l’origine de divers impacts environnementaux, notamment sur la biodiversité. Pour tenter de limiter autant que faire se peut leur empreinte environnementale, les industriels mettent en place des mesures d’Evitement, Réduction, Restauration et Compensation (mesures E-R-Res-C) de leurs impacts.
Dans ce contexte, Modis Pau et Paris sont en train de créer un outil d’aide à la décision permettant à ces industriels de comparer le coût et l’efficacité des différentes mesures E-R-Res-C sur leurs différents projets.
Cet outil doit aider son utilisateur à :
- Contextualiser un projet, ses impacts et les enjeux de biodiversité présents autour du site retenu.
- Mettre en avant les principales mesures E-R-Res-C appropriées au vu des enjeux.
- Comparer ces mesures ou bouquets de mesures selon les critères de l’efficacité et du coût
- Proposer un bouquet de mesures permettant de limiter au mieux l’impact du projet sur la biodiversité
Selon toi, comment pourrions-nous réduire davantage nos impacts industriels sur la biodiversité ?
Il faut distinguer deux cas de figures : l’existence ou non du projet industriel.
Dans le cas d’un futur projet qui n’est encore que sur papier, il va falloir placer au centre du cahier des charges cette vision biodiversité. Ce n’est pas juste faire un état des lieux de ce qui se trouve là aujourd’hui, c’est de concevoir le projet comme éphémère. Partir du principe que ce projet ne doit pas survivre à la nature qui l’entoure. Il doit donc cohabiter avec elle, sans la perturber et pouvoir disparaître totalement le jour venu.
Pour cela il faut évaluer l’impact de chaque activité du futur projet. S’il est non négligeable, modifier ou supprimer cette activité par une moins impactante. Cette vision peut paraître un peu naïve, mais pourtant ce n’est que comme cela que nous réussirons à réaliser des projets en harmonie avec la biodiversité.
Dans le cas d’un projet industriel existant, il faut rester conscient des enjeux humains et économiques. On ne peut pas du jour au lendemain tout arrêter. Il faut relever les activités les plus impactantes, et essayer de les moderniser, ou de les changer pour qu’elles répondent mieux aux préoccupations environnementales.
Il faut également observer l’empreinte temporelle et spatiale du site. Peut-être avait-il été surdimensionné, et dans ce cas on peut rendre à la nature une partie de cette surface.
Il est également très important de garder à l’esprit qu’un nouvel équilibre (parfois très fragile) s’est développé autour de ces projets. Il y avait la biodiversité avant ce site et puis celle d’aujourd’hui, pas forcément la même. Il faut en tenir compte. Ce nouvel équilibre n’est pas moins légitime à être présent qu’un autre. Tout enlever pour recommencer peut-être bien plus néfaste que de garder ce qui est déjà en place et d’agir pour l’intégrer au mieux.
Pour finir, il y a bien entendu les sites industriels qui ont un impact important sur la biodiversité, mais c’est aussi à chacun d’entre nous par de petits gestes, qui multipliés par des milliards d’habitants auraient un impact énorme sur la préservation de la biodiversité. Ces gestes on les connait tous, on rechigne parfois à les faire, mais ils passent si facilement de contraignant à « naturel » que l’on se doit de les faire.